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Réflexion sur la gentillesse

Extraits de « Echo des Monts d’Alban » (Journal du secteur pastoral d’Alban-Montfranc-Villefranche) Octobre 2016

OSER LA GENTILLESSE

Dans un monde brutal, violent où la tendresse semble venir d’une autre planète, prendre le contre-pied des idées individualistes devient mission impossible. Devant l’ironie et les moqueries qu’une attitude bienveillante est susceptible de déclencher, nous avons peur de nous ouvrir à l’autre. Essayer la gentillesse relève de la bravoure et d’un nouveau courage qui ne sont pas enseignés durant notre parcours scolaire.....

Dire bonjour et sourire à son voisin, offrir des croissants à son prochain, une agréable attitude, une utopie ou une future réalité ? Le gentil est perçu comme un peu bête, hélas ! Méchanceté et réussite sont étroitement associées là où règne la compétition. Se montrer, devenir célèbre et triompher de ses adversaires par tous les moyens y compris les plus déloyaux, serait plutôt à la mode. Les chroniqueurs caustiques, les héros cyniques, désabusés exercent sur nous une véritable attraction. Certains n’hésitent pas à écraser celui qui est en travers de la route (parfois plus talentueux) pour arriver à leurs fins. Ces pratiques fréquentes s’épanouissent depuis l’école jusque dans les disciplines sportives, artistiques et combien au cœur de nos élites dirigeantes mondiales.....

C’est vrai qu’en étant gentil, je prends le risque de me « faire avoir », c’est un pari non dénué de danger ; l’autre peut profiter de moi, il n’y a aucune garantie, quand, de surcroît, l’autre baigne dans un environnement dominé par les rapports de force. Pour lui, je suis obligatoirement un faible....

Nous imaginons les autres méchants, nous croisons dans la rue des visages fermés, peu avenants, c’est souvent un masque de protection ou de timidité. La politesse nous apprend à ne pas parler aux inconnus, à ne pas parler trop fort, à ne pas être dans la séduction. Par ailleurs, nos relations habituelles consistent à ne donner que si nous recevons, l’acte gratuit paraît suspect. La gentillesse peut être contagieuse, je l’espère, les gens attendent des preuves de gentillesse et ont envie de l’être avec nous en général.

Nous pourrions pour vivre plus harmonieusement, appliquer cette « écologie relationnelle » dans notre sphère privée en souhaitant qu’elle se propage comme une saine addiction, un bagage de survie et métamorphoser par étapes tout ce qui nous entoure...

Annie Ballester »