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CINQ PELERINS SUR LE CAMINO DEL NORTE

Dimanche 4 juillet 2010, 1 heure 30, gare routière de Toulouse. Un faisceau lumineux trouble soudain le calme et la douceur de cette nuit d’été. Voilà notre bus. Quelques ordres rapides des chauffeurs en langue espagnole concernant l’embarquement des bagages et personnes, suivis d’un puissant vrombissement du moteur et l’aventure commence…

Francis fait partie du voyage. Il se dirige vers Léon pour terminer le Camino Francés, commencé l’année précédente. Quant à nous, nous nous dirigeons vers Ribadesella, situé dans la province des Asturies, pour poursuivre le pèlerinage à Compostelle, commencé le premier septembre 2009 au départ d’Irun pour trois d’entre nous, Jeannette, Thérèse et Henri. En cette année jacquaire 2010, Pierre et Jean-Marie se joignent à nous avec le projet de retrouver Francis pour fêter ensemble Saint Jacques le 25 juillet. Nous voici donc cinq pèlerins heureux en marche sur le Camino del Norte…A 10 h 30 , nous retrouvons Ribadesella. « Au Revoir, Francis et bonne route, à bientôt ».

Voie parallèle au Camino Francès menant à Compostelle, le Chemin côtier ou Camino del Norte passe plus au nord de la péninsule ibérique. Ce chemin fut emprunté dans les premiers temps du pèlerinage lorsque les Maures occupaient la majeure partie de l’Espagne car la bande côtière, protégée par la cordillère cantabrique, formait un passage relativement sûr. Ce tracé traverse le Pays Basque, la Cantabrie, les Asturies et la Galice.

Si dans la première partie du parcours, nous avons suivi des sentiers qui longent le rivage au-dessus de hautes falaises qui plongent dans les eaux tumultueuses de l’océan, dans la deuxième partie que nous empruntons cette année, notre itinéraire oblique au sud-ouest, à l’intérieur des terres et nous fait traverser les montagnes asturiennes. Dans cette portion, le Chemin du Nord prend le nom de Camino Primitivo.

Dès le deuxième jour, nous quittons la côte pour des paysages vallonnés et boisés. Des chemins argileux et boueux nous conduisent à travers la campagne émaillée de hameaux fleuris aux modestes et émouvantes églises ou chapelles romanes qui nous invitent à prier et chanter. Après une longue étape, le monastère cistercien San Salvador de Valdedios, niché dans le creux d’un paisible vallon, nous procure un repos bienfaisant. Le lendemain, après la messe matinale, une forte montée nous introduit dans le cœur des Asturies. La cathédrale Saint Sauveur d’Oviédo se profile sur le ciel.Oviédo, lieu important du pèlerinage dès le 10ème siècle.

 Chemins creux, ponts médiévaux et restes de calzada restent les témoins de passages ancestraux. Nombreuses traces jacquaires. Cols et vallées se succèdent dans un décor superbe. Des modes de vie traditionnels persistent encore dans de nombreux endroits nous procurant un dépaysement certain. Dans les villages isolés, d’énormes horreos à 6 ou 8 piliers et des pigeonniers circulaires en pierre entourent fermes et maisons. Fontaines des pèlerins, petits ermitages, vestiges d’hôpiteaux pour pèlerins jalonnent notre chemin.Une lente montée nous conduit au col d’Acebo à 1030 m d’altitude qui marque l’entrée en Galice. Nous entrons dans Lugo par la Puerta de San Pedro, une des six portes de la ville, entourée de murailles romaines des 3ème et 4ème siècles (classées Patrimoine de l’humanité). Comme les pèlerins d’antan, nous nous recueillons devant la Virgen de los Ojos Grandes (la Vierge aux grands yeux) et devant le Saint Sacrement exposé sans interruption depuis le 12ème siècle.

Le lendemain, dans une maison forestière isolée dans la forêt, aménagée en gîte, à San Roman da Retorta, nous préparons le repas avec d’autres pèlerins connus, nous sommes les seuls français. Nous nous retrouvons douze dans une ambiance joyeuse et détendue, d’autant plus appréciée que c’est pour nous tous la dernière soirée paisible avant d’affronter la foule du Camino Francès.

Nous voici à Mélide où le chemin rencontre le Camino Francès. Près de deux cents pèlerins se pressent pour obtenir une place dans la salle polyvalente aménagée pour la circonstance. Nous attendons deux heures pour pouvoir nous installer. La messe du soir dans l’église paroissiale clôture notre journée.

Nous entrons dans Santiago sous un beau soleil. Après les formalités d’arrivée, nous prenons place avec patience devant la Porte Sainte où s’aligne une file impressionnante sur les trois côtés de la place. Une messe commencée nous retient, clôturée par la cérémonie du botafumeiro (gigantesque encensoir). Quelques jours nous séparent de la fête de Saint Jacques, nous projetons donc de continuer notre périple jusqu’au Cap Finistère et même jusqu’à Muxia, village du bout du monde avec son impressionnant sanctuaire du Cabo de la Barqua qui surplombe les énormes rochers de la côte.

Samedi 24 juillet, nous voici de retour. Un spectacle pyrotechnique grandiose est présenté en l’honneur de Saint Jacques mais nous apprenons la patience : tros heures d’attente pour y assister ! Nous mettons également trois heures avant de participer à la messe solennelle du lendemain avec la présence du roi et de la reine d’Espagne, cérémonie priante et recueillie. Chacun de nous est heureux et ému de pouvoir prendre part à cette grande fête en cette Année Sainte 2010.

Nous pensons à tous ceux que nous avons portés dans nos cœurs et dans nos prières au fil des jours. Nous pensons aussi à rendre grâce pour tout ce que nous venons de vivre : amitié, fraternité, partage, bonheur simple et tranquille de vivre un temps au contact de la nature loin du confort habituel, instants de recueillement et de prière…MERCI Seigneur, MERCI Saint Jacques de nous avoir accompagnés durant notre marche. Nous avons cheminé dans une grande confiance, sûrs de votre protection. Et cela est formidable !

 Thérèse G.